Énergétique et la théorie scolastique (suite et fin) (L')

Titre

Énergétique et la théorie scolastique (suite et fin) (L')

Statut

Année de publication

Périodique de publication

Volume

19

Pagination

5-41

Type d'intervention

Champ Scientifique

Domaine disciplinaire

Théorie scientifique examinée

Thèse - Objectif :

Examiner la valeur de la théorie énergétique au point de vue philosophie

Étudier les rapports de l'énergétique avec la cosmologique scolastique

Montrer que l’énergétique, du point de vue cosmologique, consacre plusieurs doctrines scolastiques : restauration de la qualité, resserrer les frontières du domaine de la physique à la réalité phénoménale, démarcation entre la cosmologie et les sciences naturelles

Discuter et dénoncer la transformation de l'énergétique en dynamisme absolue (phénoménisme et monisme)

Acculturation

Oui

École philosophique

Néo-Thomisme

Référence bibliographique

  • Rey, La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, Paris, Alcan, 1907

  • Thomson, Revue Générale des sciences pures et appliquées, 1903

  • Duhem, L’évolution de la mécanique

  • Ostwald, L’énergie

  • Mach, Die Principien der Wärmlehre

  • Nys, Cosmologie, Louvain, 1906

  • Van ‘t Hoff, Leçons de chimie physique

  • De Heen, La chaleur

  • LeBon, L’évolution des forces, Paris, Flammarion, 1908

  • Picard, De la méthode dans les sciences, Paris, Alcan, 1910

  • Rey, L’énergétique et le mécanisme au point de vue des conditions de la connaissance, Paris, Alcan, 1908
  • L. Poincaré, La physique moderne, son évolution

  • Boucher, Essai sur l’hyperespace, Paris, Alcan, 1905

  • Lodge, La vie et la matière, Paris, Alcan, 1909

  • Brunhes, La dégradation de l’énergie

  • Hirn, Analyse élémentaire de l’univers

  • Klimke, Der Monismus und seine philosophischen Grundlagen, 1911
  • Boscowich

  • Kant

  • Palmieri

  • Carbonelle

Commentaire référence bibliographique
  • Nys cite Rey et Thomson pour illustrer le principe réductionniste du mécanisme :

    « Pour le mécanisme, avons-nous dit, la notion primitive, fondamentale est la notion du mouvement local. Tous les autres phénomènes doivent s’y réduire, et si à l’heure présente, cette réduction n’est pas encore un fait accompli, ou soulève même de graves difficultés, le mécanisme conserve l’espoir de la réaliser un jour (Rey). Guider par cette conception de l’univers, la théorie mécanique n’admet donc d’autres énergies que les énergies relevant du mouvement local ou de la position des corps dans l’espace. Les principes sur lesquells elle appuie la théorie physique n’ont aussi d’autre objet que le mouvement spatial ou les notions qui s’y réfèrent, tels les espaces et temps homogènes, les déplacements, la vitesse, les masses, les accélérations, etc… (Thomson). La quantité, seule, a droit de cité dans les sciences physico-chimiques. » (Nys (1911), pp. 5-6)

  • Nys Cite Duhem pour illustrer le retour des doctrines péripatéticiennes :

    « M. Duhem avait déjà signalé cet heureux résultat de la théorie nouvelle. L’énergétique, dit-il, est une théorie des qualités et une mathématique universelle. En accordant auxqualités la large place qui leur revient en physique, elle est une réaction contre les idées cartésiennes et un retour aux principes les plus profonds des doctrines péripatéticiennes. » (Nys (1911), p. 7)

  • Nys Cite les critiques d’Ostwald et de Mach à l’égard du principe réductionniste du mécanisme :

     « En réalité, l’identification de tous les phénomènes avec le mouvement local contradit si manifestement au témoignage des sens, que des savants eux-mêmes, notamment M. Ostwald, la condamnent au nom de l’expérience sensible (Ostwald). D’autres y voeint une mutilation de la réalité, une altération des phénomènes entreprise dans le but de les faire rentrer dans le cadre étroit du mécanisme, ce qui souvent voile les analogies fécondes et empêche les progrès de la science (Mach). » (Nys (1911), p.7)

  • Nys renvoie à sa propre critique du réductionnisme mécaniste :

    « Qu’il se produise du mouvement local dans toutes les variations de la matière, encore même qu’il ne soit pas toujours visible, tous le concèdent. Qu’il n’y ait que du mouvement local, c’est une conception que la métaphysique, d’accord avec les données sensibles les plus incontestables, tient pour inadmissible. » (Nys (1911), p. 7)

  • Nys cite Mach, Ostwald, Duhem pour illustrer le fait que l’énergétique exclut du domaine des sciences physiques les recherches ontologiques sur la substance des êtres :

    « La physique, écrit M. Mach, a pour objet exclusif les sensations, c’est-à-dire les phénomènes perçus par les sens. « La physique actuelle, ajoute M. Duhem, n’est pas une métaphysique ; elle ne se propose pas de pénétrer derrière nos perceptions pour saisir l’essence et la nature intime de ces perceptions. Tout autre est son but. » Telle est aussi l’opinion de M. Ostwald. Cette tendance de l’énergétique à ne point dépasser dans ses investigations l’objectivité phénoménale de la matière, s’accentue de plus en plus chez les hommes de science. (…) En ne réservant à la physique que la réalité phénoménale, l’énergétique a donc circonscrit cette science dans ses frontières naturelles et supprimé du même coup une source de malentendus et de perpétuels conflits avec la cosmologie » (Nys (1911), pp. 8-10)

  • Nys cite les critiques de Van ‘t Hoff, de Heen, LeBon, Picard et Rey qu'ils adressent à l’égard de l’exclusivisme de l’énergétiste (s’abstenir de toute recherche, de tout jugement sur la constitution des propriétés de la matière, se limiter exclusivement à la description des faits, exclure l’explication de la nature, valeur purement méthodologique et instrumental de la physique énergétique) :

    « D’abord, bien que les énergétistes aient fait preuve de sage prudence en restreignant à la réalité phénoménale l’objet de la physique, on peut se demander si la méthode employée dans l’étude de cet objet est en tous points recommandable. (…) L’exclusivisme préconisé par les éngétistes nous paraît donc un défaut plutôt qu’une qualité. Plusieurs physiciens, d’ailleurs, lui adressent ce reproche. Van ‘t Hoff, malgré ses sympathies par la théorie nouvelle, exprimer le regret de ne pas y trouver de place pour l’hypothèse. M. de Heen a la critique plus modante : « Qu’il nous soit permis, dit-il, de constater ici qu’il existe une école de savants atteints d’un al intellectuel qu’on pourrait désigner sous le nom de pessimisme scientifique. Elle paraît s’être condamnée à ne jamais tâcher de savoir : pour elle toute conviction qui n’a pas la certitude du fait observé est d’importance nulle… Au contraire, ajoute-t-il, la physique a pour mission de remonter le plus possible à la nature des choses… à recherche la cause des phénomènes ». « La mécanique énergétique, écrit M. LeBon, trouvant plus simple d’ignorer la matière que de chercher à l’expliquer, ne conduira jamais à une conception philosophique très haute. La science n’aurait jamais progressé si elle s’était refusée à tâcher de comprendre ce qui lui semblait d’abord inaccessible ». Citons enfin l’opinion de M. picard : « L’importance du du point de vue énergétique est immense, dit-il, et personne ne songe à le nier, mais on peut penser qu’il y a là un esprit exclusif peu favorable à l’invention scientifique. » » (Nys (1911), pp. 11-12)

  • Nys présente le substantialisme de Duhem :

    « M. Duhem, dont on connaît les sympathies pour la physique énergétique, est substantialiste convaincu. Pour lui, le noumène est tout aussi réel et objectif que le phénomène. Sans en nier l’existence qu’il établit par ailleurs, il en fait simplement abstraction en physique parce que cette science n’a pas à s’en occuper. Combien cette attitude semble rationnelle et prudente, surtout chez le physicien énergétiste qui s’interdit en principe toute incursionns les régions de l’ultra-phénomène. » (Nys (1911), p. 15)

  • Nys renvoie à Mach pour montrer que le phénoménalisme de certains énergétistes s’inspirent de la psychologie pragmatiste :

    « On ne peut nier que l’évolution rapide de ce système soit due aussi à linfluence de la psychologie pragmatiste. M. Mach, l’un des phénoménalistes les plus ardents, s’est manifestement inspiré des idées nouvelles. Ce n’est pas le lieu d’entreprendre la critique de cette psychologie dont le crédit, d’ailleurs, ne cesse de décroître. Mais il paraît au moins fort étrange de voir la psychologie imposer ses lois à la science physique qui devrait, au contraire, constituer la base de toutes les disciplines philosophiques. » (Nys (1911), p. 15)

  • Nys cite L. Poincaré sur l’existence de la matière :

    « La substance cesse d’être ce que M. Mach appelle « la monstrueuse et inconnaissable chose en soi qui se cache derrière les phénomènes », pour devenir le principe primordial, organisateur et régulateur de l’évolution cosmique. Telle est la pensée qu’exprimer M. L. Poincaré dans son bel ouvrage sur la Physique moderne : « Du point de vue philosophique, il est d’ailleurs assez difficle de ne pas conclure des qualités que révèlent les forme variées de l’énergie à l’existence d’une substance possédant ces qualités ; cette énergie qui réside en une région, qui se transporte d’un endroit à un autre éveille forcément, quoi que lon en ait, l’idée de la matière »

  • Nys examine les relations entre le dynamisme des énergétistes et la conception de la nature érigée autrefois en système dynamique par Boscowich, Kant, Palmieri, Carbonelle, etc.

Discute :

  • LeBon, L’évolution des forces, Paris, Flammarion, 1908

  • Mach, Die Principien der Wärmlehre

  • Ostwald, L’énergie
  • Ostwald, Vorlesungen über Naturphilosophie

Commentaire Discute
  • Nys critique le phénoménalisme de certains énergétistes (Mach, LeBon, Ostwald) :

    « En second lieu, il faut bien le reconnaître, la réaction inaugurée par l’énergétique a malheureusement dépassé, chez plusieurs de ses partisans de marque, les justes limites imposées par les faits et la raison elle-même. Conformément à la méthode préconisée, les physiciens cessent d’étendre leurs investigations au delà des phénomènes. C’est leur droit. Mais leur indifférence légitime à l’égard de la substance les auorise-t-elle à en nier l’existence ? Assurément non. Telle n’est point cependant l’opinion de plusieurs énergétistes. Tandis que M. Le Bon se contente de mettre en doute la réalité substantielle, M. Ostwald n’admet que le phénomène-énergie et M. Mach déclare contradictoire la notion même de la « chose en soi ». L’univers se ramène de la sorte à une série continue de phénomènes toujours en voie de transformation, doués du privilège de ne pouvoir disparaître que pour réapparaître sous des formes nouvelles qui préparent elles-mêmes le retour des formes antérieures. Ce phénoménalisme outré, est d’autant plus regrettable qu’il ne fait point partie intégrante de la théorie et ne découle point de ses principes. » (Nys (1911), p. 14)

    Nys dénoncé le dynamisme de certains énergétistes (Ostwald, Lebn) : 

    « Toute la réalité cosmique se résume en un mot, l’énergie ; la matière est bannie de la physique comme un élément inutile. « Le caractère distinctif de l’énergétique, écrit M. Ostwald, est l’abandon du dualisme qui a régné jusqu’à ceci entre la matière et l’énergie ; celle-ci y prend la place du concept le plus général... Non seulement, la matière doit supporter le voisinage de l’énergie, comme on le voit dans les traités modernes de sciences naturelles, écrits dans un esprit de progrès, mais il lui faut céder la place sans conditions et rentrer comme une reine déchue dans son domaine, où elle s’éteindra au milieu des courtisans de sa vieillesse ». « La transformation de la matière en énergie, réalisée dans nos laboratoires, dit M. Le Bon, a prouvé que l’antique dualité entre la force et la matière devait disparaître. » » (Nys (1911), p. 17)

    Nys discute et critique le dynamisme et le monisme énergétiste d'Ostwald

Intervention citée

Non

Intervention discutée

Non

URL

www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1912_num_19_73_2007

Fiche complète

Oui

Créateur de la fiche

Greber, Jules-henri

L'énergétique et la théorie scolastique (suite et fin) est le dixseptième article publié par Nys dans la Revue néo-scolastique. Parue en 1911, l'intervention a pour objectif d'examiner la valeur de la théorie énergétique au point de vue philosophie et d’étudier les rapports de l'énergétique avec la cosmologique scolastique. Nys mène une discussion et critique forte de la transformation de l'énergétique en dynamisme absolue (phénoménisme et monisme), en particulier celui d’Ostwald.