Hypothèse de l’éther en optique (L’)

Titre

Hypothèse de l’éther en optique (L’)

Année de publication

Périodique de publication

Volume

2

Pagination

246-264

Type d'intervention

Champ Scientifique

Domaine disciplinaire

Théorie scientifique examinée

Thèse - Objectif :

Montrer que l'hypothèse de l'éther est une fiction qui manifeste des signes d'épuisement théorique et empirique et doit être remplacée par des recherches portant exclusivement sur les propriétés phénoménales de la matière

Acculturation

Oui

Commentaire acculturation

Présentation de la théorie des ondulations, de la théorie newtonienne de l'émission et de la théorie des vibrations matérielles de Schrauf

École philosophique

Positivisme

Référence bibliographique

  • Lamé, Gabriel, Leçons sur la théorie mathématique de l'élasticité des corps solides, Bachelier, Paris, 1852 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5747708p)

  • Schrauf, Albrecht, Physikalische Studien. Die gesetzmäßigen Beziehungen von Materie und Licht, Gerold, Wien, 1867

  • Fresnel, Augustin, Œuvres complètes d’Augustin Fresnel, Paris, 1866-1870

  • Secchi, Angelo, L'unité des forces physiques, essai de philosophie naturelle, 1868 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k204906j)

  • Brach

  • Cauchy, Augustin, Mémoire sur la dispersion de la lumière, Prague, 1837

Commentaire référence bibliographique
  • Wyrouboff rapporte le témoignage de Lamé pour montrer que les physiciens ont fini par transformer la fiction de l'éther en dogme scientifique. Il relève le défaut de raisonnement par lequel les fictions scientifiques finissent par être considérées comme l'expression de la réalité. Certains physiciens, en inférant de l'utilité d'une construction théorique à sa vérité, seraient ainsi conduits à s'engager ontologiquement à reconnaître que l'éther existe réellement et qu'il représente la cause première des phénomènes lumineux  : 

    « Qu'est-ce que tout cela si ce n'est un tissu d'ingénieuses fictions, et pourtant on n'ignore pas que la grande majorité des astronomes et des physiciens non-seulement les adoptent comme des probabilités, mais encore y croient comme à des axiomes indiscutables, et traitent d'insensés et de conservateurs, ceux qui cherchent à s'en affranchir. Voici, par exemple, ce que dit à propos de l'éther un illustre physicien de nos jours : « l'existence de l'éther, incontestablement démontrée par la propagation de la lumière dans les espaces planétaires, l'explication si simple qu'elle donne des phénomènes de la diffraction dans la théorie des ondulations, et les lois de la double réfraction prouvent avec une certitude non moins grande que l'éther existe dans l'intérieur des corps. »» (Wyrouboff (1868), p. 248)

  • Wyrouboff présente la théorie des vibrations matérielles de Schrauf. Pour le Chimiste-Philosophe, cette théorie pose les bases des nouvelles recherches positives dans le champ de l'optique.

  • Wyrouboff présente aux lecteurs du périodique la théorie de l'éther à partir des écrits de Fresnel, Cauchy, Brach et Secchi

Discute :

Commentaire Discute
  • Wyrouboff présente aux lecteurs du périodique les complications théoriques et la stérilité empirique de la théorie de l'éther à partir d'une critique des écrits de Fresnel, Cauchy, Brach et Secchi

Intervention citée

Oui
Cité par
Commentaire Cité par
  • André reprend l'analyse positiviste opérée par Wyrouboff sur l'hypothèse de l'éther pour souligner la nécessité d'éliminer les derniers résidus métaphysiques des sciences positives : 

    « L'influence de la métaphysique a persisté jusqu'à nos jours; M. Wyrouboff nous a montré ici même (voir le numéro de mars-avril 1868), comment elle a su se maintenir, dans les sciences physiques, en détournant les hypothèses de leur véritable signification scientifique. Il nous a fait voir comment l'hypothèse de l'éther, en particulier, si séduisante tout d'abord en raison de sa simplicité, si utile tant qu'elle s'est bornée à relier ensemble les résultats des premières observations, est devenue embarrassante aujourd'hui pour les physiciens, qui sont forcés d'entasser complications. sur complications pour lui permettre de rendre compte des derniers faits connus. » (André (1868), p. 266)

Intervention discutée

Non

URL

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k77873h/f249.image

Fiche complète

Oui

Créateur de la fiche

Greber, Jules-henri

L’Hypothèse de l’éther en optique est le troisième article de fond en philosophie des sciences publié par Wyrouboff au sein de La Philosophie Positive. Parue en 1868, l'intervention du Chimiste-Philosophe est motivée par la réimpression des mémoires de Fresnel (partisan de la théorie de l'éther) et la publication de Physikalische Studien. Die gesetzmäßigen Beziehungen von Materie und Licht de Schrauf (adversaire de la théorie de l'éther). L'objectif de Wyrouboff est triple : 

i. Montrer que l'hypothèse de l'éther doit être considérée comme une fiction théorique provisoire et non comme un dogme scientifique. Ainsi, bien que cette théorie s'est montrée théoriquement et empiriquement féconde, elle ne doit pas être prise pour l'expression de la réalité. Le Chimiste-Philosophe dénonce ici la tendance de certains physiciens à hypostasier les fictions utiles en substances effectives  :

« Je reconnais sans difficulté qu'il y a quelque chose de flatteur pour l'orgueil de l'esprit humain, dans ctte possibilité que donnent les hypothèses scientifiques, non-seulement de coordonner les faits connus, mais encore de prévoir souvent à un intervalle très-éloigné des faits que l'observation ne nous fait même pas soupçonner. Je n'ai rien à objecter si l'on ne considère les hypothèses que comme des instruments provisoires que les progrès rendront un jour inutiles, et comme des satisfactions que l'esprit, toujours avide de savoir, se donne, en attendant les satisfactions plus grandes que procure la conscience de la vérité. Mais là ne se borne malheureusement pas le rôle qu’on leur attribue ; à force de sentir l’importance d’une interprétation hypothétique, on finit par la croire vraie, et ce qui ne devrait être qu’une raisonnable fiction, se confond ainsi avec la réalité. (...) On confond ainsi, comme on le confond autre part, l’utile avec le vrai, l’indispensable avec l’indiscutable. » (Wyrouboff (1868), pp.247-248).  

ii. Présenter les signes d'épuisement théorique et empirique de la théorie de l'éther. Cette présentation est réalisée à partir d'une étude critique des écrits de certains partisans de l'existence de l'éther (Fresnel, Secchi, Cauchy). Les complications théoriques, l'usage d'hypothèses ad-hoc, l'absence de nouvelles découvertes empiriques et certaines contradictions avec l'expérience conduisent le Chimiste-Philosophe à condamner l'hypothèse de l'éther. 

« L'hypothèse d'un fluide impondérable doit donc, dans l'état actuel de nos connaissances, être rejetée de l'optique comme une fiction qui a eu son incontestable utilité, mais qui a fait son temps et qui ne peut désormais que nous faire tourner dans un cercle vicieux. » (Wyrouboff (1868), p. 257).

iii. Promouvoir, à partir des travaux de Schrauf sur la théorie des vibrations matérielles, des recherches qui portent exclusivement sur les propriétés phénoménales de la matière. Pour Wyrouboff, l'hypothèse de l'éther doit être remplacée par des entités accessibles à l'observation, c'est-à-dire susceptibles d'être mises directement, au moyen de procédures expérimentales, en rapport avec des données phénoménales. Dans ces conditions, les recherches en optique doivent être guidées par cette idée que  :

« la lumière, comme tous les autres phénomènes physiques, n'est qu'une propriété, qu'une manière d'être de la matière elle-même. » (Wyrouboff (1868), p. 259).

L'enjeu du texte est ainsi de montrer que les principes fondamentaux du positivisme permettent d'identifier et d'éliminer les résidus métaphyques des sciences positives et de promouvoir des recherches pleinement positives.
L'examen critique de l'hypothèse de l'éther est l'occasion pour Wyrouboff de présenter au public du périodique la théorie des ondulations, la théorie newtonienne de l'émission et la théorie des vibrations matérielles de Schrauf. 
Il convient de souligner que le Chimiste-Philosophe reviendra sur l'hypothèse de l'éther en tant que fiction (ou artifice logique) dans son article de 1880 consacré aux Hypothèses scientifiques.