Minéralogie (La)

Titre

Minéralogie (La)

Année de publication

Périodique de publication

Volume

16

Pagination

199-215

Type d'intervention

Champ Scientifique

Domaine disciplinaire

Théorie scientifique examinée

Thèse - Objectif :

Déterminer la place que la minéralogie occupe dans la série hiérarchique du savoir positif

Combattre la thèse de l'indépendance de la science minéralogique à l'égard de la chimie

Montrer que la minéralogie doit être considérée comme la chimie concrète et consiste en la description de toutes les combinaisons chimiques qui se produisent dans les substances solides, naturelles et artificielles

Acculturation

Oui

Commentaire acculturation

Présentation des théories et méthodes de la minéralogie

École philosophique

Positivisme

Référence bibliographique

  • Haüy

  • Vauquelin

  • Berzelius

  • M.-F. Pisani,Traité élémentaire de Minéralogie, Paris, Masson, 1875.

  • Mitscherlich

  • Kobell, Geschickte der Mineralogie von 1630-1860, Munich, 1864.

  • Rammelsberg, Chimie cristallographique, 1855.

  • Wyrouboff, Grégoire, « Qu'est-ce que la géologie », in La Philosophie Positive, t.1, Paris, 1867, pp. 31-50.

  • Comte, Auguste, Cours de Philosophie positive, T.1.

  • Comte, Auguste, Cours de Philosophie positive, T.3.

Commentaire référence bibliographique
  • Wyrouboff rappelle les découvertes de Haüy qui fixèrent les premières lois de la cristallisation, les recherches analytiques de Vauquelin et Berzelius qui déterminèrent d'une façon précise la composition des espèces minérales et la loi de l'isomorphisme de Mitscherlich.
  • Wyrouboff ((1876), pp.208-209) reproduit la conclusion de l'ouvrage de Kobell pour souligner les difficultés liées à la classification dans les sciences minéralogiques.
  • Pour Wyrouboff ((1876), pp. 211-212), l'ouvrage de Rammelsberg est la première tentative sérieuse pour fixer la chimie concrète.
  • Wyrouboff cite les passages où Comte présente la thèse selon laquelle la minéralogie est une science concrète correspondant à la chimie, science abstraite.

Discute :

  • M.-F. Pisani,Traité élémentaire de Minéralogie, Paris, Masson, 1875.

  • Comte, Auguste, Cours de Philosophie positive, T.1.

  • Comte, Auguste, Cours de Philosophie positive, T.3.

Commentaire Discute
  • Wyrouboff rejette la thèse de Pisani selon laquelle la science minéralogique est une science indépendante :

    « M. Pisani (…) chimiste distingué, analyste de premier ordre, fort au courant de tout ce qui se rattache aux sciences inorganiques, ayant eu l’occasion de manipuler une quantité prodigieuse de substances minérales, il a essayé de réunir, dans un livre élémentaire, toutes les notions qui, selon lui, doivent constituer le bagage de la minéralogie contemporaine. Il y a décrit toutes les acquisitions nouvelles de la science, il y a signalé tous les procédés d’étude que nous possédons; tout cela est clair, facile élégant, mais, disons-le tout de suite, le livre pèche par sa base, par l’idée mère qui a servi à sa conception. C’est encore un livre construit sur l’ancienne idée devenue routinière à force d’être reproduite sans jamais être critiquée, de l’indépendance de la science minéralogique. C’est justement parce que cette idée est fausse et qu’elle est en même temps une idée courante, acceptée par tous sans examen, que j’ai cru utile de lui consacrer quelques pages à propos d’un livre récemment paru et destiné, sans aucun doute, à avoir du succès. » Wyrouboff ((1876), pp. 201-202).

    Wyrouboff discute la définition que donne Comte de la chimie concrète :

    « MM. Comte (…) a identifié la minéralogie avec la chimie concrète et a défini celle-ci : l’application des notions chimiques à l’histoire naturelle de notre globe. Or, il est manifeste que l’histoire naturelle de notre globe est la géologie, science dépendante de l’astronomie, et n’ayant aucun rapport direct avec la chimie. (…) L’erreur que M. Comte a commise (…) est renfermée dans sa définition de la chimie concrète. Une science concrète ne peut jamais être une application des notions puisées dans la science abstraite correspondante à un ordre de phénomènes qui lui est complètement étranger. L’histoire naturelle de notre globe, qui est ici synonyme de géologie, n’a rien de commun avec cette science des combinaisons et des décompositions, qui a reçu le nom de chimie; elle en prend certains faits, certaines méthodes, comme elle prend des faits et des méthodes dans beaucoup d’autres sciences, mais elle n’en est pas la suite, la continuation directe et nécessaire. Une science concrète doit toujours être la description et la classification des corps dans lesquels la science abstraite correspondante cherche ses lois générales. (…) La minéralogie, considérée comme partie constituante de la géologie, ne rentre pas dans la définition: car la géologie décrit la terre, c’est-à-dire une planète, un corps céleste, et les corps célestes appartiennent de droit à l’astronomie. Il suit, de là, que l’histoire naturelle du globe, avec toutes ses branches et toutes ses subdivisions, est une astronomie concrète, et non une chimie concrète. » (Wyrouboff (1876), pp.205-206). 

    Le Chimiste-Philosophe rejette ainsi l’idée que la chimie concrète est l’application méthodique du système des connaissances chimiques à l’histoire naturelle du globe.

Intervention citée

Oui
Cité par
Commentaire Cité par
  • Wyrouboff renvoie à ses articles sur la géologie et la minéralogie pour illustrer la nécessité de définir rationnellement les sciences :

    « Il pourrait sembler, au premier abord, que c’est là une discussion assez oiseuse, qu’en réalité il importe peu de savoir si la statistique est une science ou un fragment de science ; mais je l’ai déjà dit bien des fois et je ne cesserai de le répéter à ceux qui accusent la philosophie positive de trop s’occuper de la définition et de la classification des sciences, que ce problème est un de ceux qui influent le plus sur le développement des diverses branches du savoir humain. J’ai montré la désastreuse influence d’une fausse conception du caractère de la géologie sur la marche de cette science ; j’ai montré combien une vicieuse définition de la minéralogie avait contribué à arrêter les investigations de la physique des corps inorganiques ; il ne me sera pas difficile de montrer aujourd’hui, combien la statistique gagnera lorsque le but véritable et les limites rationnelles en seront convenablement appréciés. » (Wyrouboff (1870), p. 30)

Intervention discutée

Non

URL

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k778876/f199.image

Fiche complète

Oui

Créateur de la fiche

Greber, Jules-henri

La Minéralogie est le sixième article de fond en philosophie des sciences publié par Wyrouboff au sein de La Philosophie Positive. Parue dans le tome 16 du périodique, l’intervention du Chimiste-Philosophe est motivé par la publication du Traité élémentaire de Minéralogie (1875) de Pisani. Rejettant la thèse de Pisani selon laquelle la science minéralogique est une science indépendante, Wyrouboff a pour objectif de déterminer la place que cette science occupe dans la série hiérarchique du savoir positif. L’enjeu du texte est ainsi d’assigner à la minéralogie une place déterminée dans la classification positiviste des sciences. Cette intervention est l’occasion pour Wyrouboff de présenter au public de la revue certaines théories et méthodes de la minéralogie. 

En s'appuyant sur les principes de la classification positiviste des sciences (ou loi hiérarchique), en particulier la distinction entre les sciences abstraites ou générales (qui ont pour objet la découverte des lois qui régissent les diverses classes de phénomènes) et les sciences concrètes ou descriptives (qui ont pour objet d'appliquer ces lois à l'histoire des différents êtres existants), l'auteur défend la thèse selon laquelle la minéralogie est la chimie concrète dépendante de la chimie abstraite. Ainsi, une science concrète étant toujours la description et la classification des corps dans lesquels la science abstraite correspondante cherche ses lois générales, la minéralogie, considérée comme la chimie concrète, est la description de toutes les combinaisons chimiques qui se produisent dans les substances solides, naturelles et artificielles.
Il convient de souligner que le Chimiste-Philosophe reviendra sur la question de l’indépendance de la minéralogie à l’égard de la chimie en 1869 dans « De l’Individu dans le règne inorganique ».