Physique et la morale (La)
Titre
Statut
Année de publication
Périodique de publication
Volume
Pagination
Type d'intervention
Champ Scientifique
Domaine disciplinaire
Sous-Domaine disciplinaire
Thèse - Objectif :
Faire la preuve qu'il n'existe pas de conflit entre l'ordre physique et l'ordre moral ou spirituel ; le mécanisme n'ébranle en aucun cas les fondements de l'ordre spirituelMontrer que les principes de la mécanique, en particulier le principe de la constance de la force, n'impliquent pas la négation de la liberté humaine
Chercher à établir la possibilité de rendre compatible l'action du libre arbitre avec la conservation de l'énergie
Acculturation
Référence bibliographique
Moleschott, La circulation de la vie
Spencer, Herbet, Les premiers principes
Renouvier, Critique philosophique, 1873, 1878
Bernard, Claude, Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux
Bernard, Claude, Rapport sur les progrès et la marche de la physiologie générale
Leibniz, Monadologie
Cournot, Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques, t. CIX, p. 704
Naville, Ernest, Bibliothèque universelle, juillet 1873
Beaunis, Nouveaux éléments de physiologie humaine
de Candolle, Alphonse, Histoire des sciences et des savants depuis deux siècles
Delaunay, Traité de mécanique rationnelle
Stewart, Balfour, La conservation de l'énergie
Boussinesq, Joseph, « La liberté et le déterminisme scientifique. Conciliation des deux principes », in La Revue scientifique de la France et de l’étranger, 1877, t. 19, pp. 986-991. (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k215088s/f322.item)
Boussinesq, Joseph, « Extraits du mémoire sur la conciliation du véritable déterminisme mécanique avec l’existence de la vie et de la liberté morale », in Séances et travaux de l’Académie des sciences morales et politiques, 1878, t. 12, pp. 721-757. (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k405871f/f720.image)
Commentaire référence bibliographique
En montrant que les principes de la mécanique, en particulier le principe de la constance de la force, n'impliquent pas la négation de la liberté humaine, Naville retrouve la conclusion de Boussinesq qui concilie l'ordre spirituel et l'ordre physique :
« En résumé, le principe de la constance de la force étant admis, on ne peut pas en déduire la négation de la liberté humaine. Que reste-t-il à la volonté libre ? Pour la création de la force, rien ; pour l’emploi de la force, tout. Les fondements de l’ordre spirituel subsistent et n’ont subi aucun ébranlement. Le conflit de la physique et de la morale est donc apparent, et j’arrive à la conclusion à laquelle M. Boussinesq est parvenu de son côté par des considérations mathématiques. On peut admettre dans l’homme, sans sortir des données les plus strictes de la science, un principe directeur des mouvements ; et cela admis, « le physiologiste peut, sans s’écarter du plus sévère spiritualisme, étendre les lois mécaniques, physiques et chimiques à toute la matière, y compris les molécules de cerveau vivant. » » (Naville (1879), p. 286)
Naville présente la solution de Renouvier pour préserver du mécanisme le libre arbitre :
« La Critique philosophiquedu 21 août 1873 a reçu et enregistré dans ses pages la communication suivante : « La Critique philosophiquese montre empressée en toute occasion à défendre la cause du libre arbitre. D’une autre part, elle a promis dans son prospectus de traiter les questions philosophiques liées à la doctrine physique de la conservation de la force. On voudrait savoir ce que ses honorables rédacteurs pensent de la possibilité de concilier cette doctrine avec celle de la liberté, ou comment ils font pour ne pas voir dans la théorie qui ramène toutes les forces naturelles à l’unité, un argument irrésistible en faveur du déterminisme universel. » M. Renouvier a répondu en niant l’universalité des applications du principe de la constance de la force. « Nous n’admettons pas, dit-il, que les sciences chevauchent hors de leur domaine et se tournent indûment en métaphysique. C’est ce qui arrive quand on attribue au principe de la constance de la force une universalité pour laquelle on n’a ni garantie ni induction solide. Nous nions formellement cette universalité. » Après avoir présenté des considérations relatives au rapport de causalité qui existe entre les désirs, la volonté, les divers phénomènes psychiques et le mouvement, l’auteur ajoute : « La constance des forces trouverait, comme le déterminisme, une limite et une exception dans la liberté, et peut-être non pas dans la liberté seulement, mais encore dans les passions animales qui, simplement occasionnées par des mouvements externes, auraient la vertu d’en produire d’autres à nouveau. » (…) En accordant que le principe de la constance de la force s'applique sans exception ni réserve au monde purement matériel, de quel droit l'étendre aux cas où la matière se trouve en rapport avec l'esprit ? Parce que le déterminisme absolu règne dans l'objet des études de l'astronome, du physicien et du chimiste, on n'a pas le droit d'en conclure qu'il exclut les faits dont s'occupe la psychologie. Un tel raisonnement se fonde sur un a priori manifeste ; c'est le fait d'une science qui chevauche hors de son domaine. On voit que la thèse de M. Renouvier peut être défendue par une argumentation au moins spécieuse ; mais je poursuis un autre but. » (Naville (1879), pp. 275-276)
Intervention citée
OuiCité par
Fouillée, Alfred, « Les nouveaux expédients en faveur du libre arbitre », in Revue philosophique de la France et de l’étranger, t. 14, 1882, pp. 585-617. (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k17153q/f589.item)
Intervention discutée
OuiDiscuté par
Fouillée, Alfred, « Les nouveaux expédients en faveur du libre arbitre », in Revue philosophique de la France et de l’étranger, t. 14, 1882, pp. 585-617. (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k17153q/f589.item)
Commentaire Discuté par
Fouillée récuse l'idée que le libre arbitre puisse être démontré à partir des principes de la mécanique. Fouillée discute et réfute l'ensemble des interprétations des principes de la mécanique invoquées par Naville en faveur du libre arbitre.
URL
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k17146f/f269.item
Créateur de la fiche
Greber, Jules-henriLa Physique et la morale est le sixième article de fond en philosophie des sciences publié par Naville dans la Revue philosophique de la France et de l'étranger. Parue en 1879, l'intervention a pour principal objectif de montrer que le conflit entre l'ordre physique et l'ordre moral (ou spirituel) n'est qu'apparent. Il s'agit ainsi de concilier et de rendre compatible le déterminisme mécanique et la liberté morale en faisant la preuve que les principes de la mécanique, en particulier le principe de la constance de la force, n'impliquent pas la négation de la liberté humaine. Naville montre qu'il est possible de préserver à partir de principes mécaniques la liberté morale.[1]
[1] « Dans nombre d’esprit contemporains, le conflit cesse par la négation de la liberté ; mais tout le monde n’abandonne pas sans combat la cause d’une idée de cette importance. L’étude du problème s’impose. Il n’est pas possible de dire : « il y a une science des forces physiques, il y a une science des esprits : chacune de ces sciences a son domaine, et l’une n’a le droit de nier les résultats de l’autre. » Si tout phénomène spirituel a le mouvement de la matière pour condition, et si tous les mouvements de la matière, en vertu du principe de la constance de la force, tombent sous la loi d’un déterminisme absolu, il n’y a pas de place pour la liberté. Le mouvement est le lien indissoluble du monde des corps et du monde des esprits. Ces deux propositions : » Tout mouvement est nécessairement déterminé ; - il y a des mouvements libres, » affirment et nient, en parlant du même objet et en prenant les termes dans le même sens ; elles ne peuvent subsister ensemble, parce qu’elles sont directement contradictoires. C’est là qu’est la véritable importance de la question des rapports du physique et du moral, de l’esprit et du corps. L’observation établit de plus en plus que tout phénomène spirituel a un correspondant matériel, que tous les modes passifs de la conscience ont un point de départ dans l’organisme, et que tous les modes actifs de la conscience se traduisent immédiatement en un fait organique. Il n’y a rien là qui puisse inspirer la moindre inquiétude légitime aux hommes préoccupés des intérêts moraux de l’humanité. Mais, si les modes actifs de la conscience sont soumis à un déterminisme absolu, tout élément de liberté disparaît, et les fondements de la morale s’écroulent. Quels sont, dans cet état de la question, les essais tentés pour sauver l’ordre moral des étreintes d’une science négative de la liberté ? (…) Je veux chercher à établir qu’en admettant le principe de la conservation de la force, et en l’étendant au corps humain, à toutes les conditions et à toutes les manifestations de la vie spirituelle, la cause de liberté morale n’est pas comprise. Je désire prouver que, même en admettant cette supposition, le conflit entre la physique et la morale n’est qu’apparent, parce que : 1° Sous le rapport de l’espace, la direction des mouvements peut être modifiée, leur quantité demeurant la même ; 2° Sous le rapport du temps, les manifestations actuelles d’une somme constante de forces peuvent se produire à des moments divers, sans que la quantité de la force varie. » (Naville (1879), pp. 274-276).