Hasard (Le) (Maldidier)

Titre

Hasard (Le) (Maldidier)

Statut

Année de publication

Volume

43

Pagination

561-598

Type d'intervention

Champ Scientifique

Théorie scientifique examinée

Thèse - Objectif :

Écarter les fausses conceptions relatives au hasard

Présenter, compléter et corriger la notion du hasard de Cournot

Déterminer la véritable nature du hasard

Indiquer quelques unes des conséquences d'une définition claire et systématique du hasard

Acculturation

Non

Référence bibliographique

  • Cournot, Antoine-Augustin, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, Paris, 1851

Commentaire référence bibliographique
  • Maldidier estime que le travail de Cournot constitue la première tentative faite par un savant pour clarifier et systématiser la notion du hasard. Les analyses du géomètre-philosophe est ainsi l'occasion d'analyser à nouveaux frais la notion du hasard : 

    « Longtemps considérée, sur la foi du Stagirite, comme à peu près réfractaire à l’analyse, donc employée sans contrôle et avec plus ou moins d’à-propos par les savants et les penseurs même les plus illustres, cette idée a fini par sortir de son obscurité légendaire. À plusieurs reprises, elle a attiré l’attention d’u des plus profonds esprits de ce temps ; et l’on peut dire que, depuis les travaux de Cournot, elle a complètement perdu cette auréole de mystère, ce je ne sais quoi d’étrange, d’inquiétant, de presque surnaturel qui effarouchait la pensée et la tenait à distance. Le hasard était « quelque chose d’irrationnel », « quelque chose divin ». Cournot a rompu le charme, et l’a ramené du ciel sur la terre. Mais si le plus difficile est fait, il ne faudrait pourtant pas croire que tout soit fait, et comme le seul titre de cette étude pourrait éveiller chez un lecteur informé l’idée d’une tentative téméraire ou tout au moins inutile, voici quelques-uns des motifs qui nous engagent à reprendre en sous-oeuvre, après l’auteur de l’Essai sur les fondements de nos connaissances, l’examen d’une question que ce pénétrant logicien a si fortement marquée de son empreinte personnelle qu’il semble l’avoir, en quelque sorte, faite sienne. (…) Si souvent, en effet, que Cournot soit revenu sur ce sujet que sa pénétration jugeait à bon droit capital, il reste à glaner, et beaucoup, derrière ce puissant amasseur d’idées ; et il est loin, non seulement d’avoir tout dit, ce qui dans les questions de cette nature est trop évidemment impossible, mais même d’avoir dit toutes les choses essentielles. » (Maldidier (1897), p. 561-562)

Intervention citée

Oui
Cité par
Commentaire Cité par
  • Mentré, dans son analyse du rôle du hasard dans les découvertes scientifiques, est conduit à examiner la définition qu'en donne Cournot et la façon dont Maldidier la systématise. 

Intervention discutée

Oui
Discuté par
Commentaire Discuté par

Mentré, dans son analyse du rôle du hasard dans les découvertes scientifiques, est conduit à rectifier et dépasser la définition qu'en donne Cournot et Maldidier :

« A poursuivre l’examen du hasard dans les inventions et découvertes, cela va nous permettre de dépasser Cournot sans détruire ses conclusions, mais en les rectifiant. Déjà nous avions conçu quelques doutes sur la justesse de sa définition du hasard en lisant un article de son disciple Maldidier qui, puissant sa doctrine jusqu’à ses extrêmes limites, en arrive à déclarer que le hasard est l’unique réalité, qu’il est la loi suprême de l’univers. » (Mentré (1904), pp. 433-434)

URL

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k171829/f565.item

Créateur de la fiche

Greber, Jules-henri

Le hasard est le premier article de fond en philosophie des sciences publié par Maldidier dans la Revue philosophique de la France et de l'étranger. Parue en 1897, l'intervention a pour objectif de déterminer la véritable nature du hasard[1]et les principaux principes d’une philosophie du hasard[2]à partir d'un travail philosophique de clarification et de systématisation conceptuelle. L'auteur est amené à présenter, compléter et corriger la définition du hasard de Cournot. 

[1]         Après avoir écarté les fausses conceptions relatives au hasard et corrigé et complété les travaux de Cournot, Maldidier propose la définition suivante du hasard :

 « Le Hasard est une interférence quelquefois singulière, ordinairement imprévisible en raison de la complexité de ses facteurs ou du trop grand nombre et de la variabilité des influences perturbatrices auxquelles ils sont exposés, en tous cas non intentionnelle et relativement contingente, quoique nécessaire en soi à un moment donné et dans des circonstances données, entre deux ou plusieurs séries causales réciproquement et relativement indépendantes. »  (Maldidier (1897), p. 583)

[2]         L’analyse de Maldidier permet de tirer plusieurs principes propres à la philosophie du hasard :

« I. L’idée scientifique du hasard, moins compréhensive que la notion vulgaire en ce qu’elle exclut son élément anthropomorphique et subjectif, possède une extension infiniment supérieure. II. Cette idée, en partie et seulement en partie négative, correspond, dans tous ses éléments, à une réalité objective. Autrement dit, le hasard existe en soi, non pas sans doute à titre de cause, ni même, à proprement parler, d‘effet, mais à titre de caractère objectif et accessoire de certains effets. III. Si l’on envisage la totalité des événements, et non pas seulement les faits choisis auxquels s’attache un intérêt humain, scientifique ou pratique, le fortuit est la règle presque universelle, le normal, ou ce que nous appelons ainsi, l’exception infime. IV. Mais le hasard comporte une infinité de degrés, et si les degrés supérieurs, qualifiés de purs hasards, se dérobent d’ordinaire à la prévision scientifique et à ses conséquences, les moins élevés, en revanche, viennent assez docilement s’y soumettre. V. Il y a d’ailleurs continuité parfaite entre le fortuit et le normal, aussi bien qu’entre le fortuit et l’intentionnel. De là, une première difficulté dans leur discrimination. I. Une seconde difficulté tient à ce fait qu’aucun des éléments constitutifs de la fortuité n’est absolu et ne se prête à une détermination rigoureuse. VII. La détermination du hasard, logiquement praticable, malgré tout, pourvu qu’on veuille bien s’y contenter d’une probabilité plus ou moins haute, se ramène de proche en proche, à l’énonciation précise ou non, expresse ou non, d’un rapport numérique entre diverses possibilités. » (Maldidier (1897), pp. 596-597)