Note sur la raison chez Cournot

Titre

Note sur la raison chez Cournot

Statut

Année de publication

Périodique de publication

Volume

13

Pagination

307-318

Type d'intervention

Champ Scientifique

Thèse - Objectif :

Examiner la notion de raison chez Cournot

Montrer que la raison est, pour Cournot, la faculté, la capacité par laquelle l'esprit découvre dans la réalité l'ordre réel

Déterminer les caractères essentiels de l'ordre réel, objet de la raison pour Cournot (1° Permanence, constance ; 2° Simplicité ; 3° Beauté et Harmonie)

Présenter le réalisme probabiliste et faillibiliste de Cournot et son rejet de l'idéalisme et du criticisme

Acculturation

Non

Référence bibliographique

  • Cournot, Antoine-Augustin, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, Paris, 1851

  • Cournot, Antoine-Augustin, Traité de l’enchaînement des idées fondamentales dans les sciences et dans l’histoire, Paris, 1864

  • Cournot, Antoine-Augustin, Matérialisme, vitalisme, rationalisme, Paris, 1873

  • Leibniz

  • Kant, Critique de la raison pure

  • Milhaud, Gaston, « Le hasard chez Aristote et chez Cournot », in Revue de Métaphysique et de morale, t. 10, Paris, 1902, pp. 667-681. (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110561/f671.image)

Commentaire référence bibliographique
  • Milhaud situe Cournot par rapport à Kant. Il montre que le géomètre-philosophe, à travers sa notion de raison et d'ordre réel, n'entretient pas un dogmatisme naïf et ne sombre pas dans l'idéalisme ou le criticisme. Contre le dogmatisme naïf, Cournot présente une forme de réalisme probabiliste. Contre le criticisme et le scepticisme, il met en avant l'argument du pas de miracle : 

    « Mais Cournot jusqu’ici ne fait-il pas preuve du dogmatisme le plus naïf ? Eh quoi ? Il faut donc poser, par un acte de foi, l’existence de l’ordre extérieur, et considérer l’esprit comme un miroir fidèle qui le reflète purement et simplement ? Rassurons-nous, Cournot a probablement lu la Critique de la raison pure ; il connaît en tous cas l’objection redoutable du Criticisme. Mais la vérité est qu’elle ne le trouble guère, et qu’il ne se sent pas obligé d’y répondre longuement. « S’il n’y avait pas harmonie entre l’ordre de réception par nos facultés, et l’ordre inhérent aux objets représentés, il ne pourrait arriver que par un hasard infiniment peu probable que ces deux ordres s’ajustassent de manière à produire un ordre simple ou en enchaînement régulier dans le système des représentations… S’il était possible que l’idée d’ordre surgît dans l’esprit humain indépendamment de toute manifestation d’un ordre extérieur, elle ne pourrait tenir devant la perpétuelle manifestation du désordre… » Et ainsi Cournot résout la difficulté en appliquant une fois de plus à cette chose qui est l’accord de nos idées et du monde extérieur, le critérium suprême de l’ordre. (…) Mais s’il rejette si aisément les thèses idéaliste et criticiste, Cournot admettra-t-il que notre raison est infaillible ? Ne sait-il pas que notre esprit s’applique à connaître par les sens, par l’intelligence, des liaisons s’effectuent sans cesse entre les idées, les images, les représentations, et va-t-il déclarer qu’elles reflètent toutes des fragments de l’ordre réel ? – Bien au contraire, il a le sentiment profond de la difficulté qu’a la raison à remplir son office, et il répète à toute occasion que l’évidence absolue, la preuve apodictique sont des chimères, et que la connaissance n’est faite que de probabilité ; mais le degré de probabilité varie à l’infini, depuis le soupçon d’une simple possibilité jusqu’au sentiment d’une probabilité si grande, qu’elle s’accompagne de la conviction la plus forte dont nous soyons capables. » (Milhaud (1904), pp. 313-314)




URL

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110592/f313.image

Créateur de la fiche

Greber, Jules-henri

Note sur la raison chez Cournot est le vingt-sixième article de fond en philosophie des sciences publié par Milhaud dans la Revue de métaphysique et de morale. Parue en 1904, l'intervention a pour objectif d'examiner la notion de raison chez Cournot. Il s'agit de montrer que la raison est, pour Cournot, la faculté, la capacité par laquelle l'esprit découvre dans la réalité l'ordre réel. Cet ordre a pour caractères essentiels la permanence, la constance, la simplicité, la beauté et l'harmonie. La théorie de l'ordre réel chez Cournot, qui présuppose une forme de réalisme probabiliste, s'oppose au dogmatisme naïf, au criticisme et à l'idéalisme.