Espace (De l')

Titre

Espace (De l')

Année de publication

Périodique de publication

Volume

11

Pagination

169-184

Type d'intervention

Champ Scientifique

Théorie scientifique examinée

Thèse - Objectif :

Présenter et rejeter les conceptions métaphysiques qui attribuent une réalité objective à l'espace (Montrer que la croyance à l'existence de l'espace, qui échappe à toute vérification expérimentale et résulte d'un processus illégitime d'attribution d’existence à une conception abstraite, est une entité, un vestige de l'influence métaphysique sur les sciences et la philosophie)

Montrer que l'espace doit être conçu positivement comme un artifice logique sans aucune valeur ontologique, comme l'abstraction subjective de la propriété objective qu'à la matière d'être étendue

Acculturation

Non

École philosophique

Positivisme

Référence bibliographique

  • Comte, Auguste, Cours de Philosophie positive.

  • Cousin, Victor

Commentaire référence bibliographique
  • André vise à compléter les analyses de Comte sur les sciences-mathématiques, en particulier la dixième leçon consacrée aux sciences géométriques :

    « C'est dans la dixième leçon que Comte insiste sur le caractère objectif de la géométrie, et qu'il trace quelques lignes sur l'espace. Tout en renvoyant à cette leçon les lecteurs qui désirent approfondir cette question, nous transcrivons, pour la commodité de la discussion, les passages qui y ont directement rapport. (...) Ce sont là les passages que nous allons chercher à interpréter et à compléter. » (André (1873), pp. 176-177)

Discute :

  • Cousin, Victor

Commentaire Discute
  • Pour André, les écrits de Cousin permettent d'illustrer le processus par lequel les métaphysiciens hypostasient l'espace en lui attribuant une réalité objective :

    « Pour les métaphysiciens, l'Espace est, - non pas une qualité, une manière d'être d'une chose existante - mais une chose existante elle-même. (...) Ainsi nous pouvons dire qu’on admet que l’espace n’est pas comparable à l’attraction, qui n’existe qu’à la condition que deux molécules de matière soient en présence ; ni à la lumière, qui présuppose un corps éclairant; ni à la couleur, qui exige au moins l’existence d’un corps coloré, ni à l’électricité, ni à l’affinité, ni à la vie… Ainsi, nous pouvons dire que l’espace n’est pas considéré comme étant au nombre de ce que la science nomme les propriétés de la matière, propriétés qui ne sont pas des choses, mais des conditions d’existence, propriétés qui ne sont que si la matière est. Non, l’espace n’est pas considéré ainsi : loin de là, on le tient pour une chose dont l’existence est absolument indépendante de celle de la matière; témoin M. Cousin, qui dans ses leçons sur Locke, affirme que l’espace existerait encore si la matière cessait d’exister. On va même plus loin, car, réservant la relativité à la matière, on accorde l’absolu à l’espace et on dit : « non-seulement l’espace subsisterait toujours si la matière était anéantie, mais l’esprit, qui se prête à l’idée d’anéantissement de la matière, se refuse à admettre l’anéantissement de l’espace. » » (André (1873), pp. 172-173)

     

Intervention citée

Non

Intervention discutée

Non

URL

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k77882g/f168.image

Fiche complète

Oui

Créateur de la fiche

Greber, Jules-henri

De l’espace est le troisième article de fond en philosophie des sciences publié par André au sein de La Philosophie Positive. Parue en 1873, l’intervention d’André a pour objectif d’éliminer les derniers résidus métaphysiques présents à la base des sciences géométriques, en particulier la croyance en l’existence de l’espace[1]. Après avoir présenté les conceptions métaphysiques de la notion d’espace[2] et montré qu’elles résultent d'un processus illégitime d'attribution d’existence à une conception abstraite qui échappe à toute vérification expérimentale, l’auteur soutient que l’espace doit être conçu positivement comme un artifice logique sans aucune valeur ontologique, comme l'abstraction subjective de la propriété objective qu'à la matière d'être étendue :

« En dehors de la matière et de ses propriétés, reconnues par l’observation, abstraites par l’esprit, nous n’étudions rien, nous ne voulons rien étudier. Et, de plus, nous n’oublions jamais notre point de départ, nous n’oublions jamais que l’abstraction n’est qu’un artifice de l’esprit, artifice utile, artifice indispensable, mais dont la facilité plus ou moins grande ne doit entraîner en nous l’idée d’aucune réalité objective. Si nous nous maintenons sévèrement à ce point de vue, que devient donc l’espace ? Il devient ce que sont les autres propriétés de la matière, la mobilité, l’attraction, la chaleur, la lumière, l’affinité, la vie… il devient une manière d’être de la matière. En lui-même, l’espace est une pure conception de l’esprit, c’est l’abstraction de la propriété qu’à la matière d’être étendue. (…) Ce que nous savons, c’est qu’au nombre des propriétés de la matière figure celle d’être étendue. C’est là la forme scientifique et philosophique sous laquelle doit se présenter à nous l’objet qui sert de base à l’étude de la géométrie. » (André (1873), pp. 178-179). 

Cette étude permet à André de compléter les écrits de Comte sur les sciences-géométriques (Dixième leçon du Cours de Philosophie positive).



[1]          « En cherchant à rendre sa signification positive à l’idée fondamentale de la géométrie, nous avons eu pour but de combattre une de ces entités qu’on laisse encore avec trop de complaisance s’étaler dans les sciences; nous avons cherché à attirer l’attention sur ce point particulier, à cause de la difficulté même que rencontre l’esprit à se débarrasser, relativement à l’étendue, des influences de l’éducation et des idées qui lui ont été suggérées par une vue fausse du monde. » (André (1873), p. 183).

[2]          « Pour les métaphysiciens, l’espace est, - non une qualité, une manière d’être d’une chose existante – mais une chose existante elle-même. (…) Ainsi nous pouvons dire qu’on admet que l’espace n’est pas comparable à l’attraction, qui n’existe qu’à la condition que deux molécules de matière soient en présence ; ni à la lumière, qui présuppose un corps éclairant; ni à la couleur, qui exige au moins l’existence d’un corps coloré, ni à l’électricité, ni à l’affinité, ni à la vie… Ainsi, nous pouvons dire que l’espace n’est pas considéré comme étant au nombre de ce que la science nomme les propriétés de la matière, propriétés qui ne sont pas des choses, mais des conditions d’existence, propriétés qui ne sont que si la matière est. Non, l’espace n’est pas considéré ainsi : loin de là, on le tient pour une chose dont l’existence est absolument indépendante de celle de la matière; témoin M. Cousin, qui dans ses leçons sur Locke, affirme que l’espace existerait encore si la matière cessait d’exister. On va même plus loin, car, réservant la relativité à la matière, on accorde l’absolu à l’espace et on dit : « non-seulement l’espace subsisterait toujours si la matière était anéantie, mais l’esprit, qui se prête à l’idée d’anéantissement de la matière, se refuse à admettre l’anéantissement de l’espace. C’est sous cette forme que la métaphysique nous a transmis l’idée de l’espace; nous allons rechercher si la philosophie positive doit accepter cet héritage sans bénéfice d’inventaire. » (André (1873), pp. 172-173)