Trois philosophies (Les)

Titre

Trois philosophies (Les)

Année de publication

Périodique de publication

Volume

1

Pagination

5-30

Type d'intervention

Champ Scientifique

Sous-Domaine disciplinaire

Thèse - Objectif :

Présenter, à partir d’une interprétation de la loi des trois états, la méthode, la doctrine et les conséquences de la philosophie positive

Critique des conceptions et méthodes théologiques et métaphysiques

Caractériser la philosophie positive comme une conception du monde à la fois relative et expérimentale conforme à la série hiérarchique des choses naturelles, à la série historique de constitution des sciences, et à la série didactique des sciences

Acculturation

Non

École philosophique

Positivisme

Référence bibliographique

  • Comte
  • Kant
  • Stuart, Mill
  • Cousin

Discute :

  • Kant
  • Cousin
Commentaire Discute
  • Littré fait référence à Kant et Cousin au moment de caractériser et critiquer la philosophie métaphysique. 
    Pour une analyse de la référence à Kant et de son usage par Littré, nous renvoyons à Braverman, Charles, Kant, philosophe français du XIXe siècle : entre science, philosophie et épistémologie, Nancy, 2017


Intervention citée

Non

Intervention discutée

Non

URL

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k77871t/f4.image

Fiche complète

Oui

Créateur de la fiche

Greber, Jules-henri

Les Trois philosophies est le premier article de fond en philosophie des sciences publié par Littré au sein de La Philosophie Positive. Parue dans le premier numéro du périodique, l’intervention de Littré a pour objectif de présenter, à partir d’une interprétation de la loi des trois états, la méthode, la doctrine et les conséquences de la philosophie positive. L’enjeu du texte est ainsi programmatique :

« J’ouvre notre Revue par quelques considérations sur la philosophie positive. Comme tout ce qui s’écrira dans cette Revue porter le caractère de cette philosophie, et s’y rattachera par des liens directs ou indirects, il importe d’en retracer sommairement la méthode, la doctrine et les conséquences. » (Littré (1867), p. 5)

Littré propose une interprétation scientiste et phénoméniste de la philosophie Comtienne. Ainsi, le positiviste « n'admet rien dans le savoir positif qui ne soit une transormation de l'observation et de l'expérience » (Littré (1867), p. 26). Cette interprétation du positivisme, qui consitue le schème conceptuel et le cadre théorique à partir desquels se structure le périodique, est reprise par Wyrouboff (1867)

Après avoir examiné et critiqué la philosophie théologique et la philosophie métaphysique, Littré montre la supériorité de la philosophie positive - seule philosophie qui conçoit le monde « comme régi par des lois, au sens scientifique du mot. » (Littré (1867), p. 5)[1]. Il fonde alors la philosophie positive sur la double caractéristique d'être à la fois relative et expérimentale. Elle est la seule philosophie conforme à la série hiérarchique des choses naturelles, à la série historique de constitution des sciences, et à la série didactique des sciences :

« L'idée génératrice est aussi grande que simple : elle consiste à apercevoir une hiérarchie à la fois naturelle et didactique entre les sciences, et à les coordonner suivant cette hiérarchie qui, est, comme beaucoup maintenant le savent, la mathématique, la physique (avec l'astronomie incluse), la chimie, la biologie et la sciologie. Dès que les faits généraux de ces sciences, qui embrassent tout le savoir abstrait, furent mis à côté l'une de l'autre dans leur ordre réel, la philosophie positive fut trouvée. Il faut qu’une philosophie soit à la fois relative et expérimentale. (…) Une philosophie, désormais, ne mérite ce nom que quand elle représente la série hiérarchique des choses naturelles; car il y a une série hiérarchique dans la nature : les propriétés physiques sont plus générales que les propriétés chimiques, et celles-ci, à leur tour, le sont plus que les propriétés biologiques, qui offrent l’échelon le plus étroit de cette immense échelle. Cette condition est, au premier chef, remplie par une philosophie qui range les sciences dans l’ordre même de la nature. (…) Une philosophie ne mérite ce nom que quand, après s’être conformée à la série hiérarchique des choses, elle se conforme aussi à la série historique de la constitution des sciences. Une étude bien conduite a montré, en effet, que les science se sont constituées l’une après l’autre, d’après un ordre de complexité qui est le résultat nécessaire de la subordination notée tout à l’heure dans les propriétés des choses. A cette condition la philosophie positive a satisfait en même temps qu’elle satisfaisait à la premier. Enfin, une philosophie ne mérite ce nom que quand, à l’enchaînement historique, elle joint l’enchaînement didactique, c’est-à-dire quand son propre arrangement intérieur est aussi l’arrangement suivant lequel l’enseignement doit se faire. Au premier degré est la mathématique, première aussi en simplicité et en date. Celle-là ouvre l'entrée à l'astronomie et à la physique, qu'il faut savoir pour passer à la chimie. » (Littré (1867), pp. 23-24)

 

[1]           Par opposition, « les théologies conçoivent le monde comme régi par des volontés; les métaphysiques, comme régi conformément aux idées qui apparaissent universelles et nécessaires à notre intelligence. » (Littré (1867), p. 5)