La Philosophie Positive

Titre

La Philosophie Positive

Date Début

1867

Date Fin

1883

Commentaire Date

Le périodique n'est pas publié en 1871.

Pays

France

Ville Éditeur

Ville Bureau du Périodique

Langue

Fr

Forme Éditoriale

Article de Fond
Variétés
Bibliographie
Table des Matières

Périodicité Fascicule

Bimestrielle

Périodicité Volume

Semestrielle

Responsable Éditorial

Littré, Émile (1801-1881)
Robin, Charles-Philippe (1821-1885)

Éditeur

Au Bureau de La Philosophie Positive. 16, rue de Seine

Présentation générale du périodique :

La Philosophie positive
est fondée et dirigée en 1867 par Émile Littré (1801-1881) et Grégoire Wyrouboff (1843-1913). En 1881, Littré décède et est remplacé à la direction par Charles Robin (1821-1885).
Les fascicules de la revue sont bimensuels. Les tomes, regroupant trois fascicules, sont semestriels. Chaque fascicule propose des articles de fond et les rubriques variétés et bibliographie. La revue est éditée de 1867 à 1870 par la libraire Germer-Baillière située au 17, rue de l’École-De-Médecine à Paris. En 1871, la revue prend son indépendance et est éditée par le Bureau de La Philosophie positive situé au 16, rue de Seine à Paris. Elle est principalement soutenue financièrement par Wyrouboff.

Première revue dédiée à une école philosophique[1], La Philosophie positive a pour objectif de promouvoir et approfondir, à travers un contenu encyclopédique[2], les idées exprimées par Auguste Comte (1798-1857) dans le Cours de philosophie positive :

 « Développer les idées fondamentales d’Auguste Comte, ce grand penseur qui, le premier, a introduit la méthode scientifique dans le domaine philosophique, et les appliquer aux questions de tout ordre que le progrès de la civilisation a fait naître dans les sciences, dans les arts, dans les lettres et dans la politique ; en d’autres termes, réorganiser la philosophie sans théologie et sans métaphysique, tel est le but de cette publication. C’est la première fois que la doctrine positive prend part, sous la forme périodique, à la mêlée des opinions qui se disputent la société. La même raison qui fait qu’elle écarte ce qui est théologique et métaphysique, fait aussi qu’elle poursuit, comme le grand parti issu de la Révolution, une rénovation ; mais, cette rénovation, elle la fonde tout entière sur la connaissance réelle des lois du monde, de l’homme et de l’histoire. » (Notre Prospectus)

Les thématiques politiques, scientifiques, littéraires, artistiques, etc[3]. sont abordées à partir des présupposés et thèses philosophiques du positivisme : « Tout ce qui s’écrira dans cette revue portera le caractère de cette philosophie et s’y rattachera par des liens directs ou indirects » (Littré (1867)).

Dans deux articles programmatiques, Littré (1867) et Wyrouboff (1867), les directeurs proposent une interprétation scientiste et phénoméniste extrêmement stricte de la philosophie comtienne. Ils veulent ainsi assurer la propagation d’un positivisme hétérodoxe, non spiritualiste et anti-métaphysique. Conçue comme une « conception du monde », cette interprétation du positivisme se réclame de la période de l’œuvre de Comte exposée dans le Cours de Philosophie positive. Ce « positivisme incomplet »  qui structure d’un point de vue éditorial, conceptuel et dogmatique le périodique s’oppose à la religion positiviste et à la méthode subjective développées par Comte dans le Système de Politique Positive et entretenues par Laffitte et les collaborateurs de La Revue occidentale (Clauzade (2016), pp. 301-302).

La revue cesse de paraître en 1883. L’indifférence générale de l’époque pour les questions et synthèses générales et la pénétration des idées de Comte dans la société française sont les deux raisons majeures invoquées par les directeurs pour justifier l’arrêt du périodique :

« Lorsque nous fondions avec M. Littré, en 1867, la Philosophie positive, les idées générales étaient partout en honneur ; elles occupaient, elles passionnaient même partout ce public de plus en plus nombreux qui s’intéresse aux choses de l’esprit. Au moment où nous suspendons notre publication, les études philosophiques sont discréditées et les préoccupations d’ordre pratique revendiquent la première place. Au milieu de ce concours d’idées nouvelle qui, à la fin de l’Empire, attaquaient les vieilles doctrines, il nous a semblé que les idées fort peu connues alors de A. Comte, avaient leur place ; nous les avons faites connaître, nous les avons développées, amendées, appliquées aux cas particuliers qui se sont présentés. Cette tentative que beaucoup de gens fort sensés trouvaient prématurée, inopportune, inutile, a pleinement réussi, et nous n’avons pas à nous en repentir ; la philosophie positive est entrée dans le domaine public, dans le grand courant des idées qui circulent un peu partout. Elle a été discutée, examinée de tous les côtés, et reconnue juste dans les grandes lignes par ceux-là mêmes qui avaient le plus d’intérêt à la trouver fausse. Notre modeste Revue qui paraissait au début avoir si peu de chances de durée, a non-seulement apporté un contingent nécessaire de matériaux à l’édifice jusqu’ici inachevé de la philosophie moderne, elle a encore servi de berceau à toute une génération d’hommes qui ont exercé ou exercent présentement sur les affaires de leur pays une incontestable et salutaire influence. Mais ce sont justement ces succès du passé qui rendent précaire notre situation actuelle. La génération qui s’instruisait en des temps où l’instruction était rare et difficile, jouit maintenant des fruits de son travail, et la génération nouvelle voyant devant elle toutes les portes ouvertes, se lance volontiers dans ces luttes où les lauriers sont facilement cueillis. Le public qui nous était acquis et qui pendant bien des années suivait avec un vif intérêt l’exposé de nos doctrines, se contente, maintenant qu’il les connaît, de suivre ses applications dans les diverses manifestations de la vie sociale. En tant qu’organe d’une conception particulière du monde nous avons épuisé notre programme et fait notre temps ; la philosophie positive ayant dépassé de beaucoup les limites d’une école, nous devons pour avoir une raison d’être, nous transformer en une publication philosophique plus vaste ou disparaître. Nous avons hésité entre ces deux partis à prendre et, après mûre réflexion, nous nous sommes arrêtés au dernier. L’état présent de la philosophie, quelque imparfait qu’il soit, contente, il faut bien le dire, sinon les philosophes de profession, du moins l’immense majorité de ceux qui s’intéressent aux luttes intellectuelles. Les ennemis sont vaincus, les points fondamentaux sont acquis, on en conclut aisément qu’il est permis d’abandonner les généralités pour s’occuper des affaires courantes. C’est là une de ces erreurs profondes dont on paie tôt ou tard les conséquences, mais en matière d’erreurs sociales on peut constater non corriger. Nous disparaissons donc devant l’indifférence générale pour les questions générales ; ceux qui écrivent et ceux qui lisent s’occupent de tout autre chose que des hautes synthèses scientifiques. En publiant ce dernier numéro, il nous est peut-être permis de prétendre, sans nous départir de la modestie qui convient à des penseurs soucieux de la vérité, que les disciples de A. Comte dont M. Littré a été pendant si longtemps le chef incontesté, ont rempli leur devoir et contribué au développement de la pensée moderne. Nos collaborateurs, au nom desquels nous parlons ici et auxquels la Revue est redevable de son succès, espèrent que cette prétention sera trouvée légitime par les lecteurs pour lesquels ils ont travaillé. » (Déclaration).

Acteurs et contributions en philosophie des sciences :

2 chimistes (Wyrouboff, Naquet), 2 militaires (André, Pinet), 3 publicistes (Littré, Royer, Stupuy), 1 garde-mines (Pichard), 1 médecin (Clavel) et 2 inconnus (Noël, Guiraud) ont une activité éditoriale en philosophie des sciences au sein de La Philosophie positive.

18 contributions appartiennent au champ de la philosophie généraliste des sciences : Wyrouboff (1867)Wyrouboff (1868)Wyrouboff (1870)Wyrouboff (1879)Wyrouboff (1883), André (1869)André (1874), Clavel (1872), Littré (1867), Littré (1880), Pichard (1872)Pichard (1873), Wyrouboff (1869), Wyrouboff (1869), Wyrouboff (1881), Wyrouboff (1880)

18 contributions appartiennent au champ de la philosophie des sciences-mathématiques André (1868)André (1870)André (1873), André (1883), Noël (1868)Noël (1868) , Guiraud (1877), Littré (1872), Littré (1877), Noël (1869)Noël (1869)Noël (1869), Noël (1869), Noël (1870), Royer (1883), Pinet (1881), Wyrouboff (1867), André (1883)

8 contributions appartiennent au champ de la philosophie des sciences-physiques : Wyrouboff (1867)Wyrouboff (1868)Wyrouboff (1880), Wyrouboff (1879), Wyrouboff (1882), Royer (1883), Littré (1872), André (1871)

6 contributions appartiennent au champ de la philosophie des sciences-chimiques : Wyrouboff (1879)Wyrouboff (1880), Wyrouboff (1869)Wyrouboff (1876), Naquet (1867), Naquet (1868)

[1]           Le positivisme est, à cette époque, un courant extra-universitaire en marge ou même exclu du courant philosophique officiel (le spiritualisme de Victor Cousin (1792-1867)) et des institutions d’enseignement. Les contributeurs sont d’ailleurs relativement éloignés des cercles proprement universitaires - peu sont engagés dans une carrière universitaire (Heilbron (2007), p. 317). Il faut attendre les années 1890 pour que la philosophie comtienne pénètre institutionnellement et officiellement le milieu universitaire français. En 1892 est créée une chaire d’Histoire générale des sciences au Collège de France qui est occupée par le positiviste orthodoxe Pierre Laffitte (1823-1903). Entre 1892 et 1914, Comte figure parmi la liste des auteurs traités à l’agrégation de philosophie (Fabiani (1988)). En 1900, Gaston Milhaud (1858-1918) consacre, à la faculté de lettres de Montpellier, un cours entier à Comte dont l’objectif principal est de briser le silence autour de la philosophie positive : « En dehors des chapelles positivistes où le maître est presque divinisé, il ne semble pas qu’on se soit encore habitué à lire et à commenter A. Comte avec le souci de le connaître. » (Milhaud (1902)). En 1904, un sujet « Auguste Comte : sa pensée et son influence » est proposé, à titre d’exercice, dans la Revue universitaire.

[2]           Wyrouboff refuse l’idée d’une revue professionnelle et spécialisée de philosophie. Ainsi, lorsque Théodule Ribot (1839-1916) fonde en 1876 la Revue Philosophique de la France et de l’étranger – revue conçue comme un instrument d’institutionnalisation et de professionnalisation de la recherche philosophique universitaire – Wyrouboff affirme « qu’elle ne produira jamais rien de sérieux. Les écoles philosophiques n’éprouvent aucun désir de se concilier et de se confondre ; bien au contraire, elles ne sont vivaces et fécondes que lorsqu’elles sont conséquentes et qu’elles restent pures. Le temps de l’éclectisme est passé (…) » (Wyrouboff (1876), pp. 468-469).

[3]           Pour une présentation générale des thématiques abordées au sein de la revue, nous renvoyons le lecteur à Heilbron (2007). Pour une classification de l’ensemble des contributions parues dans La Philosophie positive, nous renvoyons le lecteur à la Table Générale des matière contenues dans les seize premiers voolumes (1867-1876) et la Table Générale des matières contenues dans les quinze derniers volumes (1876-1883).