Étude sur l'Espace
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Sous-Domaine disciplinaire
Thèse - Objectif :
Défendre la théorie réaliste du lieu interne (réalité objective du lieu interne indépendante de tout rapport)Déterminer la nature intime de la réalité constitutive du lieu interne
Combattre la théorie d'une relativité essentielle du mouvement
Acculturation
École philosophique
Néo-ThomismeRéférence bibliographique
Mansion, Paul, « Les premiers principes de la Métagéométrie », in Revue Néo-scolastique, 1896 (https://www.persee.fr/doc/phlou_0776-5541_1896_num_3_11_1498?pageId=T1_242)
Domet de Vorges, Annales de Philosophie chrétienne, 1895
Aristote
Leibniz
Balmès, Philosophie fondamentale
Descartes, Principes philosophiques
Kant, Metaph. Anfangsgründe der Natur. Wissenschaften
Jean de Saint-Thomas, Cursus philosoph.
- Bergson, Matière et Mémoire
Schneid, Die phil. Lehre von Zeit und Raum
Remer, Summa proelect. phil. scholasticae, 1895
Commentaire référence bibliographique
- Nys cite l'article de Mansion pour montrer que les données de la géométrie corroborent l'hypothèse de la réalité objective du lieu interne :
« Considéré dans son être total, le mouvement comprend donc une double formalité : l'une invisible mais seule réelle, à savoir le flux ininterrompu d'ubications intrinsèques qui se succèdent dans le corps à chaque étape nouvelle du mouvement. L'autre est la succession continue de positions que le mobile délaisse pendant son parcours. C'est la manifestation sensible de la réalité interne et cachée du mouvement. Nos sens n'atteignent que cette seconde formalité ou, si l'on veut, l'enveloppe du phénomène; la raison pénètre jusqu'à sa cause constitutive réelle. Si cette conclusion est légitime, et pour notre part nous aimons à la croire justifiée, le lieu cesse d'être une simple dénomination extrinsèque, un mot vide de sens réel. Il a sa cause interne objective, il relève en un mot d'un accident mobile localisateur que les scolastiques du XVIe siècle avaient désigné d'un nom heureux mais peu usité dans notre langage modenre : l'ubication intrinsèque. Beaucoup d'esprit peu familiarisés avec cette conception du lieu intrinsèque, n'accepteront peut-être qu'avec une grande défiance notre conclusion finale. Pour corroborer leur foi naissante, voyons si l'hypothèse mentionnée ne trouve pas de nouveaux points d'appui dans l'expérience. La géométrie, ou la science de l'espace, est la physique mathématique des disctances. Aussi, il n'y a en elle, dit M. Mansion, qu'une seule notion fondamentale irréductible, c'est la distance entre deux points données. En fait, lorsque la notion spatiale a atteint dans nos intelligences son complet développement, elle ne nous représente plus l'espace réel que sous la forme d'un vaste système de relations reliant entre elles les multiples substances corporelles qui peuplent l'univers. Que ces rapports de distance établis entre les corps soient vraiment objectifs, qui oserait le nier ? Le géomètre les compare entre eux, les mesure, et quand il détermine leur grandeur respective, il se garde bien de n'attribuer à son jugement qu'une valeur purement subjective. Il y voit sans aucun doute l'expression mathématique d'un fait réel. » (Nys (1899), pp. 224-225) Nys rappelle les attaques formulées par Domet de Vorges à l'encontre de la thèse qui attribue le mouvement à une qualité motrice produire ou au moins développée dans le mobile par le moteur.
Nys rappelle la définition du mouvement d'Aristote pour combattre la théorie de la relativité du mouvement :
« Nous avouons que cette conception (relativiste) du mouvement nous paraît bien neuve. En tous cas, Aristote qui en fit une analyse si fine et si profonde ne l'a point connue. Dans la célèbre définition qu'il nous en donne : "le mouvement est l'acte d'une être en puissance encore en susceptivité", on chercherait en vain cette prétendue relativité. Au contraire, s'il est une réalité qu'il s'efforce de mettre en relief, c'est bien cet acte incomplet qui perfectionne l'être en puissance en appelant toutefois un perfectionnement ultérieur. Or, où se trouve cet acte ? Dans une pluralité de corps ou mieux dans leurs relations de distance ? Évidemment non; le mobile et lui seul en est le siège. » (Nys (1899), p. 230)- Nys cite Leibniz, Balmès, Descartes, Kant et Jean de Saint-Thomas pour illustrer la thèse de la relativité du mouvement et de la négation du mouvement absolu :
« Ces considérations sur la nature et le but du mouvement local nous permettent enfin de résoudre une autre question souvent agitée chez les anciens scolastiques, renouvelée par Leibniz et Balmès et reprise encore par plusieurs auteurs modernes, à savoir : S’il n’existait qu’un corps dans l’espace imaginaire, ce corps serait-il susceptible de mouvement ? En d’autres termes, le mouvement absolu est-il possible ? Pour qui n’accorde au mouvement qu’un être relatif, ou en fait consister toute l’essence dans le changement de relation de distance, il est clair que la question posée appelle une solution négative. « Changer de lieu, dit Balmès, est pour les corps un changement dans leur position respective. Donc un corps unique ne peut se mouvoir. (…) Donc le mouvement dans la supposition d’un corps unique est une pure illusion. » « Le mouvement, dit Descartes, est essentiellement relatif. Tout ce qui est positif et réel dans les corps qui se meuvent et qui nous les fait dire en mouvement se trouve aussi bien dans les autres corps contigus, qui sont censés rester immobiles. » Leibniz qui définit le mouvement « le changement d’espace », et Kant qui l’appelait « le changement de la relation extérieure d’une chose avec l’espace », partagent évidemment la même opinion. Plusieurs scolastiques, mais pour des raisons d’un autre ordre, se rangent aussi de cet avis. « Dans le vide absolu, dit Jean de Saint-Thomas, un corps ne pourrait se mouvoir, parce qu’à défaut de points de repère, il serait impossible de distinguer les positions du corps l’une de l’autre ». Telle est aussi la thèse favorite de la plupart de nos mathématiciens modernes. » (Nys (1899), pp. 233-234)
Nys renvoie à l'ouvrage de Bergson au moment de montrer que les auteurs qui défendent la thèse d'une relativité essentielle du mouvement ont abordé le mouvement en tant que géomètres et non en tant que physciens :
« Le mouvement, quelle qu’en soit na nature, est une réalité objective qui a son siège déterminé et qui, partant, ne peut être attribuée au gré de nos caprices tantôt à tel corps, tantôt à tel autre. Descartes et, après lui, tous les mathématiciens qui se sont prononcés pour la relativité essentielle du mouvement ont donc traité du mouvement non en physiciens, mais en géomètres. C’est de ce procédé abstractif qu’est née l’opinion si communément répandue de l’impossibilité du mouvement absolu. » (Nys (1899), p. 237)Nys examine les théories de Schneid et Remer au moment d'aborder la question d'une relativité conçue comme élément complémentaire extrinsèque au lieu interne :
« L’accident localisateur pour lequel nous avons revendiqué une place spéciale dans le domaine des réalités physiques a-t-il un être complet indépendamment de toute relation avec les corps ambiants ? Faut-il lui reconnaître un caractère absolu, ou ne doit-on pas lui adjoindre à titre d’élément complémentaire extrinsèque une certaine relativité ? Plusieurs auteurs, partisans d’ailleurs de la théorie réaliste du lieu interne, ont cru voir dans la relativité un élément indispensable, essentiel même à la conception adéquate de cette notion. L’espace interne, dit le Dr Schneid, est une détermination passive, un mode d’être intrinsèque qui résulte de l’espace externe et qui, partant, ne peut exister sans un milieu ambiant. (…) L’espace interne et l’espace externe sont donc inséparables à tel point que l’espace externe constitue l’élément formel du lieu. (…) Dans le même ordre d’idées, nous rencontrons encore une autre théorie, très voisine d’ailleurs de l’opinion mentionnée. Elle nous est proposée par le P. Remer dans une de ses thèses cosmologiques. Lorsqu’un corps, dit-il, fait partie d’un système matériel, ce corps se trouve localisé. Or, cette localisation n’est pas une dénomination purement verbale. D’où vient-elle ? Comment se produit-elle ? Elle résulte de deux facteurs : du corps lui-même et de son entourage. » (Nys (1899), pp. 238-239)
Discute :
Domet de Vorges, Annales de Philosophie chrétienne, 1895
Leibniz
Balmès, Philosophie fondamentale
Descartes, Principes philosophiques
Kant, Metaph. Anfangsgründe der Natur. Wissenschaften
Jean de Saint-Thomas, Cursus philosoph.
Schneid, Die phil. Lehre von Zeit und Raum
Remer, Summa proelect. phil. scholasticae, 1895
Commentaire Discute
Nys reproche à Domet De Vorges de rejeter la thèse qui attribue le mouvement à une qualité motrice produite ou au moins développée dans le mobile par le moteur :
« Dans un article paru dans les Annales de Philosophie chrétienne, année 1895, M. le comte Domet De Vorges se déclare l’adversaire de l’opinion qui attribue le mouvement à une qualité motrice produite ou au moins développée dans le mobile par le moteur. A son avis, cette théorie serait non seulement inacceptable, mais contraire aux principes de la métaphysique aristotélicienne. Nous regrettons de ne pouvoir partager les idées de notre savant contradicteur. Ce n’est pas le lieu de faire la critique des arguments dont il essaie d’étayer sa thèse. Nous aurons bientôt l’occasion d’établir dans notre « Cours de Cosmologie » actuellement sous presse, 1° que M. Domet de Vorges, en rejetant la qualité motrice, a rejeté du même coup un facteur indispensable du mouvement sans rien lui substituer, laissant ainsi ce phénomène inexpliqué, 2° que la théorie aristotélicienne se concilie aisément avec l’hypothèse de l’impulsion. » (Nys (1899), pp. 228-229)Nys discute la théroie d'une relativité essentielle du mouvement entretenue par Leibniz, Kant, Descartes, Balmès et Jean de Saint-Thomas
Nys discute la thèse de Schneid et Remer selon laquelle la relativité est un élément indispensable, essentiel même à la conception adéquate de la notion de lieu
Intervention citée
NonIntervention discutée
NonURL
www.persee.fr/doc/phlou_0776-5541_1899_num_6_23_1661
Fiche complète
OuiCréateur de la fiche
Greber, Jules-henri« De cette discussion se dégage une conclusion. Nous aimons à la mettre en relief, parce qu’elle constitue la base et le point de départ de l’étude métaphysique de l’espace ; elle lui donne même son orientation et permet de pressentir la théorie générale qu’elle renferme à l’état embryonnaire : Le lieu interne occupé par un corps n’est pas une dénomination purement verbale, ni une simple étiquette à l’usage de l’intelligence dans l’expression des relations spatiales. Au point de vue ontologique, il s’identifie au contraire avec l’étendue concrète dont le rôle essentiel est d’étendre la masse matérielle, d’un délimiter le volume et de le fixer d’une manière exclusive à telle place déterminée. Sur lui reposent comme sur leur fondement toutes les relations de distance dont l’ensemble constitue l’espace réel. » (Nys (1899), p. 241)